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Forum de la guilde Shari'fal (Conseil des Ombres)
 
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 La chute

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Kurshin




Nombre de messages : 2
Date d'inscription : 14/09/2010

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MessageSujet: La chute   La chute Icon_minitimeMar 14 Sep - 15:46

et ça continue...

Arken s'agite et manque de me faire tomber. Les drakes du néant n'aiment pas rester immobiles, les pattes dans la neige. Blotti dans la courbe de son cou, je sens son souffle réchauffer le dos de ma cuirasse.
-"Calme mon grand, elle va arriver"
Pour une fois, le ciel est dégagé sur les Pics Foudroyés. Un bel après-midi. Ca me rappelle la fin du printemps à Dun Morogh ce jour là...

Ce jour là, ma sœur Neann et moi nous étions attardés sur les terrasses sud après les cours. Assis au soleil, nous avons mangé d'étranges fruits venus d'une lointaine région appelée Strangleronce en regardant les reflets du soleil sur le Lac Glacial. On apercevait les fumées montant de Brassetout.
-"Ilo, dépêche, on va se faire disputer"
Neann a toujours été très ponctuelle, organisée, précise. La digne fille d'Ira et d'Ambielle Eteaulevier, fabricants de gyrocombobulateurs depuis trois générations.
L'atelier de notre famille était situé au cœur de la montagne, dans la partie nord de la cité. Pour gagner du temps, nous avons décidé de prendre le grand ascenseur jusqu'aux niveaux bas puis les anciennes galeries et de remonter par "l'échelle obscure", une rampe abandonnée connue de tous les enfants de Gnomeregan.
-"Chut, écoute"
Des frôlements et des piétinements dans l''obscurité. Accroupis au pied de la rampe, nous avons éteint la lampe. Les sons se réverbèrent sur la roche et sont déformés mais nous avons perçu comme le son d'une troupe en marche. Et d'étranges grognements. Nous sommes remontés lentement vers les quartiers d'habitation. Sans faire de bruit. Et, alors que l'on apercevait les premières lumières, nous avons entendu les hurlements. Les cris des nôtres et les grognements des "autres".
L'escalier qui mène à l'atelier central était un fleuve de sang jonché de corps désarticulés. Ca et là, les cadavres d'étranges créatures hirsutes aux dents et aux pattes énormes. Et les nôtres. Des dizaines de gnomes tués. Nous entendions au loin les bruits du carnage qui se poursuivait.
Main dans la main, nous avons couru et sommes enfin arrivés chez nous.
Chez nous...
L'atelier familial était comme l'étal d'un boucher.
Ma mère, mon père, mes frères et sœurs, mes oncles, mes tantes, mes cousins ; tous tués. Dix sept morts.
Dix sept...
Chaque jour, j'affute les lames de mes épées et je récite leurs noms.
Nous étions là, figés au seuil de l'atelier quand nous avons entendu un grondement derrière nous. Un trogg. C'est ainsi qu'on les nomme. Il nous regardait de ses petits yeux rouges et bavait. Forgeron je suis et apprenti-forgeron j'étais. Et j'avais mon marteau à la main. J'ai senti les os de sa jambe s'écraser sous l'impact. Puis nous avons couru.
Nous nous sommes réfugiés au-dessus de la ventilation Est. Dans le noir. Pendant trois jours. Avec pour seule nourriture le souvenir des fruits du gouter de ce jour maudit.
Au troisième jour, les sirènes ont retenti. Tout gnome connait les signaux d'alerte, et celui-ci était celui de l'évacuation, alors nous couru, encore, dans la cité ravagée. Vers la surface.
Dehors, c'était le chaos : des survivants hagards, affamés, appelant leurs proches disparus et portant le peu qu'ils avaient pu sauver. Nous sommes partis vers l'Est, vers Forgefer.
Les nains sont semblables à des ruches : fermés, sombres, hérissés de pointes et de dards mais le cœur est tout miel. Ils nous ont accueillis comme les leurs et nous ont fait une place dans leur étrange cité ronde.
Les années ont passé et Neann et moi avons suivi des voies différentes. Pour elle les arcanes de la magie, pour moi la voie du fer, du sang et de l'honneur : guerrier.
Et aujourd'hui, en ce jour anniversaire de la chute, nous avons rendez-vous elle et moi. Ici. Dans le froid clair et lumineux des pics foudroyés.

J'entends le grondement d'un gyrocopter et Arken courbe son cou vers le ciel. Neann arrive. Elle se pose près de nous. Pas un mot. C'est un anniversaire silencieux. Une muette célébration. D'un geste, je lui montre la vallée puis serre la jugulaire de mon casque. Elle incante d'étranges litanies comme nous descendons calmement vers le village trogg.
Étrange anniversaire.
Sans gâteau ni bougies.
Sans lampions ni trompettes.
Sans rires ni chansons.

Juste du sang sur la neige.
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